CSF#18 – 1er Prix Région Normandie
Helali Abdelaziz, 45 ans, Tunisie
Texte – Escalader le ciel
CSF#18 – 2eme Prix
Chicco Mwenge Mayl, 37 ans, RDC
Texte – Je ne suis pas poète
CSF#18 – Prix Français langue maternelle
Sabrina Troupin, 43 ans, Belgique
Texte – Je rentre
CSF#18 – 1er Prix Jeune Public
Mbanza Jérémie Mumbere, 19 ans, RDC
Texte – Génie de la vie
CSF#18 – 2ème Prix Jeune Public
Hélène Lasoeur Busime, 18 ans, Burundi
Texte – Dans les étoiles
CSF#18 – Prix Jeune Public Français Langue Maternelle
Iris Nicolas, 17 ans, Slovénie
Texte – L’ambition
CSF#18 – Mention spéciale du jury
Omar Oulmehdi, 56 ans, Maroc
Texte – i comme Icare
CSF#18 – Mention coup de cœur du jury
Brice Kempesse, 35 ans, Haïti
(Lauréat du 2ème Prix de la 16ème édition avec le texte : Comme mon père)
Texte – Chez nous, y’a pas de ciels
CSF#18 – Mention poésie
Jephte Estiverne, 25 ans, Haïti
Texte – Par Mes Ratures
CSF#18 – Mention spéciale du Jeune Public
Adjaël Joannie Marshell Paul, 19 ans, Haïti
Texte : Dis-moi
1er Prix Région Normandie
Escalader le ciel
Foulards piétinés
s’envolant dans l’air,
Visages tuméfiés
la face contre terre
Les deux poings serrés
qui disent la colère
Des femmes dénigrées
mais toujours si fières
Des murs de la honte pour tout museler,
Des barreaux d’acier pour emprisonner
Celles qui n’ont plus peur et qui savent déjà
Qu’il faudra payer l’ultime combat
D’avoir fait rouler les turbans si blancs
de tous ces tyrans, Iran mon Iran.
Refrain
Un foulard, une chanson, une pierre,
Escalader le ciel jusqu’à la Terre,
Toucher du doigts les Enfers
Pour des rêves d’amour et de liberté,
Pour ma terre enfin, enfin retrouvée.
Un foulard, une chanson, une pierre,
Escalader le ciel jusqu’à la Terre,
Toucher du doigts les Enfers
Pour un rêve presqu’ abandonné
Pour nos corps enfin, enfin dévoilés
Les cheveux au vent,
c’étaient nos enfants
Du Baloutchistan
jusqu’à Téhéran.
On les a pendus
au bout d’une grue,
On les a noyés
dans des bains de sang.
Tes fontaines pleurent,
tes enfants se meurent, Iran, mon Iran.
Tes rues sont livides,
ton silence assourdissant, Iran mon Iran.
Pourquoi sont-ils morts
tes si beaux enfants, Iran mon Iran ?
Prisonnières des déserts,
au passage des frontières,
au bout une lumière
Soudain elles s’élancent
Pour un peu de chance,
pour un bout de France
Escaladant les corps amassés
De leurs sœurs figées,
Échelle bricolée de foulards
et de barreaux d’acier,
Pour un rêve trop grand,
pour un rêve d’enfant, Iran mon Iran
Vivre sans la peur, courir libérées,
le visage au vent, Iran mon Iran.
Depuis toute petite, je ne me sens jamais aussi bien, aussi complète et à ma place que lorsque j’écris. Je noircis des pages et des pages de prose, de poème, de textes de chansons, tantôt légers, tantôt débordant de toutes les émotions qui bouillonnent au fond de moi. Il n’y a pas à mes yeux de meilleur exutoire qu’un fond musical, un crayon et un cahier.Je prends un plaisir immense à me plonger dans un thème, une situation, un rêve et à le mettre en “chanson”. Ou plutôt, à en faire un texte avec son rythme; parce qu’il faut bien
avouer que je ne suis pas musicienne. Je me rêvais parolière, je pense que j’en rêverai toute ma vie tant j’aime ça. C’est cette passion des mots qui m’a poussée à écrire pour le concours de Chansons sans Frontières. Le thème allumait des images dans mon esprit, j’ai tiré sur le film et j’ai essayé de raconter l’histoire qui s’y trouvait, sortir ces images dans ma tête avec des mots et, challenge amusant, avec des mots imposés!
Je suis très émue qu’un texte que j’ai partagé – ce que je fais rarement – ait touché d’autres personnes et cette reconnaissance me réchauffe le cœur. Cette forme d’écriture est un vrai don du ciel pour une personne comme moi qui a tendance à procrastiner dans l’écriture d’ouvrages plus longs, j’en ai plusieurs en chantier mais le rythme de la vie me laisse peu de temps à y consacrer. Une chanson, un poème, c’est un concentré de tout ce qu’on voudrait dire, ça demande de la précision, de l’empathie et les mots justes pour transmettre l’émotion. La musique accompagne chaque moment de nos vies, les bons comme les mauvais et puis, parfois, vous entendez une chanson, c’est comme si elle écrite pour vous, comme si c’était à vous qu’elle parlait et là, c’est du partage; le sentiment d’être moins seul. Une chanson est un témoignage qui peut parfois avoir un effet thérapeutique.
Je rentre
Des mois qu’j’nai plus vu l’ horizon,
Que mon regard rebondit
Sur les murs blancs de ma prison
J’ai fini d’croire au paradis.
Je lève les yeux, j’vois cet avion,
J’sens comme une pointe de jalousie
J’voudrais tant r’trouver ma maison,
Caresser la joue de ma fille.
Serrer très fort un p’tit garçon
Qui croit pas trop c’qu’on lui a dit
J’pense qu’il croit que j’suis en mission
Où que je suis juste sortie.
Le plus beau voyage, je vais l’faire,
Celui qui me ramène vers vous
C’est du passé la prisonnière
Même si je dois m’traîner à genoux
J’vais vous clouer par mes prouesses
Vous n’allez pas en croire vos yeux,
Plus d’faux-départ, pas d’fausses promesses,
Je file tout droit vers le ciel bleu.
J’ai le mental, fini la sieste,
L’adrénaline m’enivre un peu
C’est fini de faire la modeste,
Je m’en vais rallumer le feu,
Repousser le destin funeste
Vous allez voir qu’j’suis pas hors-jeu!
J’suis l’alpiniste devant l’Everest
J’irai pas voir l’Olympe des dieux.
Le plus beau voyage, je vais l’faire,
Celui qui me ramène vers vous
Je traverserai les déserts
Même si je dois m’traîner à genoux
Ce sont vos mains qui font ma force
Vos voix qui chantent dans ma tête
L’espoir de vos mots qui me porte
Balaie les plus grosses tempêtes.
Si j’ralenti, qu’les flots m’emportent
Que j’gravis des pentes trop raides
J’ai cette photo qui m’réconforte
Qui r’tire les cailloux d’mes baskets.
J’ai pas besoin d’miséricorde
Fini les déchirures secrètes,
J’ tente l’échappée, j’ai l’antidote
C’est parti pour la reconquête.
Le plus beau voyage, je vais l’faire,
Celui qui me ramène vers vous
Y’a rien d’plus important sur terre
Même si je dois m’traîner à genoux
J’m’accroche, focus sur vos visages
J’m’encorde à vos bras qui se tendent
Le soleil derrière les nuages
Aime pas trop qu’on le fasse attendre
Mon pied dérape, mon corps, en rage,
Lutte pour ne plus redescendre
Prend son élan vers le rivage
J’remonte vers vous de tous mes membres
Viens la lumière, passe l’orage,
J’aperçois des bras qui se tendent
Comme un oiseau sort de sa cage
C’est fini, les enfants, je rentre.
Le plus beau voyage je l’ai fait,
Celui qui m’a mené à vous
C’est du passé la prisonnière
Regardez-moi, je suis debout
Chicco Mwenge est poète et slameur engagé. Depuis tout petit il déclame , « la poésie m’a tiré de loin maïs maintenant c’est moi qui l’utilise pour tirer sur le mal et l’injustice » . Il a gagné plusieurs prix comme celui du concours national des droits de l’homme 2018, il vit au Nord-Kivu en RDC, là où la guerre fait ravage.
Il est aussi présentateur et animateur du festival Amani. Il est formateur en slam au foyer culturel de Goma, écrire et parler sont ses ailes pour porter son peuple vers le changement .
Je ne suis pas poète
Je ne suis pas poète, je lutte
Comme nous avons écrit des mémos
mais le changement est resté photo
Je passe à une autre étape
A la place des mots j’ai pris le marteau
Ainsi je frappe la tête
Pour toucher directement le cerveau
Comme ils ont remplacé leur conscience par le caniveau
J’ai troqué mon stylo par une pioche
pour le remplir et faire le niveau
Je ne suis pas poète, je fouette
Un poète réfléchit beaucoup
Alors que quand on a la corde au cou
Pour survivre on n’a pas de choix ; on donne des coups
Alors épargnez moi des métaphores
J’ai remplacé les virgules par un étau
Car ils ne bougent pas si on ne serre pas fort
Quand le mal brise ta porte
Comment tu te comportes
Tu luttes ou tu chahutes
Tu te révoltes ou tu attends que ça t’emporte
Je ne fais pas du slam, je blâme, j’enflamme
Le slameur ça attend que ça s’inspire
En attendant la mauvaise gouvernance bâtit son empire
Moi j’agis sans attendre le pire
Je me délie des tournures des strophes
J’enlève les apostrophes comme des gants
Pour donner à l’injustice des vraies baffes
Au mal je fais très mal
J’enfile les bottines de la révolution
Pour le bien-être du peuple je reste gardien de but
Les ennemis de la vérité m’appelleront fils de Belzebuth
Je ne suis pas poète, je résiste
Comme à la voix du stylo ils ferment les oreilles
Comment faire le kilo si on ne leur piétine pas les orteils
Alors j’ai changé le papier et la plume
Par l’enclume pour faire assez de bruits
Ils n’agissent pas si on ne les embrouille pas avec plus de volume
Quand tu pries ils bouclent les portes de leur ciel
Quand tu cries ils trouvent que c’est essentiel
Ils diront que suis impoli
Car sur le lit de la corruption
Je fais pipi
et sur la table d’or de leur richesse illicite
je fais popo
Quand le mal brise ta porte
Comment tu te comportes
Tu luttes ou tu chahutes
Tu te révoltes ou tu attends que ça t’emporte
Mumbere Mbanza Jérémie dit « Bazooka » réside actuellement dans la province du Nord-Kivu plus précisément dans la ville de Butembo. Parmi tous les arts : il n’est que la poésie qui vibre en lui . » Loin d’être des simples écrits et paroles , ma poésie se doit de percer les murs intérieurs des êtres et de bercer les âmes de ceux-ci . Puisque le monde est le reflet de l’intérieur de l’homme, parlons à cet intérieur pour guérir le monde ».
Le texte » Génie de vie » a été est le premier texte que je mets à la portée de tous . Le second est publié sur la page Facebook de La Plume d’Or , et porte le titre de « Femme » . Son lien . Je me dis : les textes que j’écris sont ceux qui me préparent aux livres . Je travaille sur certains thèmes me préparant à la publication d’un recueil de poèmes. J’ai plusieurs textes mais que je présente par différentes déclamations . Le manque des moyens importants (finance) freine mon épanouissement professionnel. Je suis de la contrée qui affiche la crise de la lecture chez les jeunes qui veulent seulement écouter et souvent on se sent dans l’obligation d’aller au studio pour enregistrer certains poèmes et faire attendre sa voix à travers le slam.
1er Prix Jeune Public
Génie de la vie
Si l’étoile ne peut jamais briller sans nuit,
Si le jour apparaît après le temps terni,
Si la rose ne peut fleurir loin des épines,
C’est pour que l’homme change en plaines ses collines,
Sache luire au delà de son sombre côté,
Et sache transformer la laideur en beauté.
Derrière toute nuit se cache une lumière
Et derrière tout rêve une pensée qui ère
Cherchant à prendre vie dans le sein du réel
Pour ainsi devenir un soleil dans le ciel.
Marche, monte, illumine
Brave, affronte l’épine,
Va, forge ton esprit
Lutte contre la nuit.
Sur l’aile du génie, en quête de l’étoile,
Guidé par la ferveur, l’homme arrache tout voile
Lui cachant le destin radieux qui lui est dû
Pour voir toute limite aller dans l’inconnu ,
Pour voir clair le bonheur que réserve la vie,
Pour voir enfin qu’en lui réside génie.
Repousser ses murs vers le lointain infini,
Écarter tout obstacle, illuminer sa nuit,
Lutter toujours avec la ferveur pour épée
Pour voir naître des jours peints en couleur dorée.
Va, forge ton esprit,
Lutte contre la nuit,
Brave, affronte l’épine
Marche, monte, illumine
Mon nom est Hélène Lasœur Busime. Je suis de nationalité congolaise (RDCongo). J’habite au Burundi où je fais les Sciences de la Communication à l’université Lumière de Bujumbura et Langue et Littérature Anglaise à l’université du Burundi. Passionnée par la plume dès l’âge de sept ans, je me suis plongée dans un univers où l’imagination n’a point de limites. Des fois, lorsque je fais un saut dans le passé et que je revois cette petite fille qui écrit des lettres et des poèmes en inventant des mondes où l’impossible est à portée de main, je prends conscience d’être l’avenir auquel elle a toujours aspiré.
L’inspiration étant au rendez-vous, un simple regard, mot, coucher de soleil ou bref sourire suffit pour dresser ma plume révoltée et coucher sur des pages des lettres qui font des mots, des vers et des strophes qui font des textes. Pourquoi pas même des livres ? D’ailleurs, mes prémices romanesques « Et si ce destin était contre nous » sont publiés sur Wattpad. J’ai également créé un compte Instagram dédié à la publication des citations et des poèmes.
J’écris pour dire ce qu’on a tu, clamer et panser les âmes blessées, j’écris pour me battre, combattre pour la liberté et apprendre au monde à vivre plutôt que survivre. J’écris pour cette enfant que je fus un jour. J’écris parce que les paroles s’envolent, mais les écrits restent pour toujours. Et je compte bien rester pour toujours car, selon André Malraux, «l’homme ne peut dépasser sa condition mortelle que par la Révolution ou l’Art, c’est-à-dire en accomplissant un acte dont la portée excède celle de son existence particulière».
DANS LES ÉTOILES
Mon frère me dit de me cacher
De pas le regarder
Lorsque face contre terre
On lui dit de se taire.
Madeleine
Va
Cours
Et dis à maman
Que le jour fatidique
Est arrivé.
Pars
Regarde pas derrière
Prends mon chapelet
Rends-le à notre père
Et dis-lui que son fils est désolé?
Tout à coup des coups de feu
Dans sa poitrine
Je m’en souviens, ils étaient trois
Et tout ce sang sur sa chemise
Un cadeau de papa.
Refrain/
J’escaladerai le ciel
Si la terre n’est pas pour moi
Si je dois trouver ma place
Je la préfère dans les étoiles
J’escaladerai le ciel
Si sur terre je suis noire
Je suis sûre que là-bas
Je serai une étoile.
Papa, maman
Les deux messieurs ont crié
«Dépose ton arme ou on tire !»
Alors que c’était mon peigne qu’il tenait
En essayant de me faire rire.
Je voulais leur dire quelque chose
Il leur en a dit beaucoup
Mais ils lui ont sauté à la gorge
Avant de tirer les trois coups.
Il y a maman qui pleure
Il y a papa qui jure
Des morceaux de verres par terre
Partout dans la cuisine.
Je ne veux rien comprendre
Mais je crois que j’ai tout compris
Ce n’est pas la peine de l’attendre
Il ne me bercera pas cette nuit.
Refrain/
Aujourd’hui j’ai dix-huit ans
J’entends
Mais j’attends plus
Je sors ces cris
Je libère ces pleurs
Je hurle
Je chante
Mes larmes
Mes peurs
Ceci est ma voix
Alors écoutez-la
Écoutez cette enfant
À qui vous avez ôté la joie
Laissez-la sortir ces mots
Laissez-la guérir ses maux
Laissez cette enfant
Retourner dans son enfance
Laissez-la penser
À panser
Ses pensées
Et croire qu’elle a une chance.
C’est elle qui parle
Qui par les rêves
N’a pas de race
Qui parle et rêve
Messieurs mesdames
Qui parlerait
Même sans hommage.
Refrain/
Ma petite Madeleine
Tu peux ouvrir tes yeux
Promis-juré
Il n’y a plus de croque-mitaine.
Bonjour, je suis Iris, étudiante de musique classique vivant à l’étranger. Ma passion, ce sont les arts. Depuis mes sept ans, je me suis dédiée au piano quotidiennement, ce qui m’a
aidé à atteindre certains de mes objectifs, comme gagner des compétitions internationales ou m’inscrire à l’Académie de Musique. J’ai toujours associé la musique à la poésie : c’est lors de mes sessions de travail de piano que certains de mes poèmes ont été créés. La musique nous parle, tout comme la poésie ; c’est un langage allégorique, mi-abstrait, qui nous pousse à penser et à questionner. Les formes de la musique et de la poésie sont liées sémantiquement : une pause, n’est-ce pas une virgule, la dominante, le point d’interrogation, la tonique, le point ? On dit bien : une phrase musicale, un rythme ïambique, dactylique.
Écrire de la poésie m’aide à exprimer mes pensées qui me semblent emmêlées, à extérioriser mes frustrations, mes réflexions, toute émotion complexe. La poésie a encore un avenir devant elle, tout comme la musique classique, et je suis heureuse de pouvoir présenter mon travail au public.
L’ambition
Vers le ciel étoilé, je veux m’envoler,
Ma prouesse, mon talent, tous les voient briller.
Les foules me croient champion, soutiennent mon élan,
Mais mon rêve fou n’est qu’un faux-départ fuyant.
Mon mental enflammé, je tente tracer ma voie,
Tisser le fil de gloire dans mon propre destin.
Je m’encorde aux nuages, cherchant l’échappée,
Mais en fin, dans le hors-jeu, j’obtins la vérité.
L’audace, l’ambition, qui mène à l’infini,
Ignorent que l’immortel n’est pas fait pour la vie.
Dans ce monde éphémère, chaque instant est précieux,
Tout-puissants, tout-savants, les dieux sont malheureux?!
Alors, je contemple la terre, misérable, sa douleur,
Des vieux la peur, des jeunes les pleurs, l’instant fragile du bonheur.
Je renonce à la grandeur, je chéris l’ici-bas,
Les dieux peuvent rester tristes?! Moi, je ris à grands éclats?!
Je suis marocain. Je m’appelle Omar Oulmehdi. J’écris sans arrêt. Quand je ne dessine pas. Et quand je n’écris pas, je dessine. Sans cesse. Parfois un poème donne naissance à un dessin. Et parfois c’est l’inverse. Dans mes recueils à compte d’auteur, il y a toujours un dessin avec un texte. Je les dédie à ma fille. Mes recueils. Même si elle ne les lit pas. Un jour peut-être.
Je suis enseignant de profession. Depuis des années, je participe à ce concours pour encourager mes élèves à faire de même. En 2014, dans « L’Atelier d’écriture » que j’animais, une des élèves a gagné le prix Jeune Public de Chansons Sans Frontières. Pour son texte « la valse de la liberté ».
Aujourd’hui, j’anime un autre Atelier avec des lycéens « Arts et Lectures ». Ça sonne comme Architectures quand on fait la liaison. On exploite les espaces, les mots, les textes et les objets. Des fois on crée une maquette en 3D miniature d’abord avant d’en reconstituer un projet d’exposition grandeur nature dans les espaces de l’école. Un seul élève a participé cette année à Chansons Sans Frontières.
Cette année c’est mon illustration qui a été retenue au concours « Première de couverture » pour un recueil de nouvelles noires à Pau. Ce recueil « Noires de Pau » vient de sortir. Ce matin, dans ma classe, j’ai offert un exemplaire à une élève qui adore dessiner.
Ce que j’aime dans le concours Chansons Sans Frontières, c’est les frontières qui brillent par leur absence. Absentes mais qui brillent quand même dans les liens qu’elles permettent avec l’autre et l’ailleurs. Un peu comme dans la continuité d’un Continent, dans la continuité des chansons sans fin et dans celle des plumes incontinentes de paroles en chant.
i comme Icare
Tout haut comme trois pommes,
Je tentais constamment,
D’escalader le ciel
Pour attraper le pot de confiture
Sur l’étagère inaccessible de maman;
Je rendossais ma cape et j’étais superman;
Les quatre fers en l’air,
Comme un petit âne ailé,
Je trottais dans le bleu du firmament.
Non, non, je n’ai point besoin d’un gratte-ciel,
Ni de la tour de Babel,
Ni de la tour Eiffel,
Ni d’un tour de manège,
Pour conduire mon Chariot dans un ciel de Noël.
Les ronces barbelées
Et les tuiles d’ardoise
Scintillant sous mes pieds,
Je flotte comme mon cheval de bois
Qui a besoin d’espace pour gambader libre,
Au-dessus des nuées de Troie que j’entrevois
Quand je suspends mon vol
Sur le pas de la porte
Du Grand Hôtel de la rue des étoiles.
Non, non, je n’ai point besoin d’une cathédrale,
Ni d’un balai de sorcière,
Ni d’une roue de foire,
Ni d’un feu d’artifice,
Pour me propulser dans l’espace infini.
Sous le toit dans ma chambre,
J’ai fait mon baluchon,
Un pain, un pull, trois pommes?
Tout seul dans mon lit là-haut sous les combles,
J’ai tourné mon regard au-dedans de moi-même
Et mes yeux ont brillé à la vue des étoiles,
Et me voilà parti
Loin en colimaçon,
Au Parlement des oiseaux émigrants.
Non, non, je n’ai point besoin d’un gros zeppelin,
Ni d’un haricot magique,
Ni d’un rond trampoline,
Ni d’un gentil ovni,
Pour fendre le silence et les airs galactiques.
La nuit, je tends le doigt
Tel un grand Michel-Ange
Peignant la main de dieu
Et j’éteins une à une les étoiles.
Il me suffit, à main levée, les yeux plissés,
De me dessiner de tête en grand petit Prince,
L’écharpe dans le vent,
À des années lumières,
Aux limbes de l’Olympe, à un bon jet de pierre.
Non, non, je n’ai point besoin d’un prompt cerf-volant,
Ni d’un avion de papier,
Ni d’un mât de bateau,
Ni d’un nid de coucou,
Pour planer haut tel un point au-dessus d’un i.
Je suis un amateur de lecture. Animateur d’atelier (À-Tes-Lieux, atelier d’écriture). Éditeur chez les Éditions Couleur d’Encre. L’écriture est le plus beau prétexte qui me permet de continuer… de rencontrer les autres, de partager à tout venant un peu plus d’humanité. Je suis content que mon texte « Chez nous, y’a pas de ciel » a été le coup de cœur du jury de la 18 ème édition du concours Chansons sans frontières. C’est une belle expérience et je suis prêt à la réitérer l’an prochain. Merci à toute l’équipe.
Également lauréat du 2ème Prix de la 16ème édition avec le texte : Comme mon père
Chez nous, y’a pas de ciels
Je vous écris madame
Je vous écris monsieur
Vous m’en verrez désolé
Je suis fils d’un pays
Consumer par le feu
Où les frères sont tués
_Refrain _
Chez nous, y’a pas de ciels
Y’a (que) des îles dépeuplées
Des enfants jouets-cassés
Chez nous, y’a pas de ciels
Y’a (que) des rêves chavirés
Et des villes éclatées
Il n’y a plus d’état d’âme
Les jeunes portent leurs armes
Pointées sur les collines
Des enfants effacés
Des foyers bien crasseux
Et la mort qu’ils voisinent
De ruelles en ruelles
À chaque coin de taudis
Un pays qui se meurt
On a sonné le cor
Mais de l’autre côté
Il n’y a plus de pays
Je vous écris madame
Je vous écris monsieur
Vous m’en verrez désolé
Chez nous, y’a pas de ciels
Quand je vous parle de pays
C’est de nous qu’il s’agit
Je suis Jephte Estiverne, de Port-au-Prince.
Journaliste et écrivain. Étudiant en sciences du langage à l’Université d’État d’Haïti. J’ai publié deux recueils de poèmes entre 2021 et 2023. J’écris pour récolter soleil, il entend fuit nos jours. Je perçois chaque vers comme une entaille faite à l’éternité. J’ai grandi dans une famille de musiciens et j’ai toujours été un amoureux de rap français. Je raffolais de la poésie qui habite ces morceaux. Je suis amoureux de littérature, de sport et de musique.
Par Mes Ratures
collier de silences tressé dans le jour nu
ombre qui grimpe des fragments de nuages
j’arrache ma nuit criblée d’incertitudes
aux promesses qui remorquent le sursis
dis-moi quelle route est sans avenir
même la poussière est caviar vers le soleil
voix écartelée sur les quais du temps
mains nues je casse les barbelés
pour habiter la rature des frontières
*
il sème ses épines dans les veines de l’aube
le ciel tresse l’épouvante sur nos murs
sa fleur empoisonnée égorge la lisière des amours
et laisse mourir le silence qui rature vers l’ailleurs
*
lune en robe rouge en ligne de mire
l’âme morcelée par les débris d’ombre
mes pas content blessure tombée de la mémoire
je perce la mer par le parfum du sang versé
j’irai au ciel qui ne dit pas la fissure
qui laisse passer la plaie pour se confier au silence
j’irai au ciel qui n’a plus pied dans le rêve
la voix traversée par mille tempêtes
et là sera mon chant de renouveau
Je suis Joannie et je suis née à Port-au-Prince. Depuis petite, mes pieds ont trouvé seuls le chemin des mots et écrire est devenu mon refuge.
Même si mon amour pour la musique et pour la littérature n’ont jamais vraiment fusionné, j’ai pris énormément de plaisir à aller chercher la mélodie des mots justes pour donner vie à ce texte.
Ce concours a été pour moi l’opportunité de faire lire mon texte par un public plus large et je suis heureuse d’avoir pu les toucher.
Un grand merci à Chansons sans Frontières pour cette expérience et pour ce prix.
Dis-moi
Le cœur tremblant
Les bras ballants
Le souffle court
J’attends mon tour
Mais dans ma tête chante ce chaos
Oui c’est bien elle
Elle s’étale dans mes veines
Elle embrasse mes peines
Et me montre la folie
Que ça serait de dire oui
[Refrain]
Ô peur dis-moi
Que fais-tu de mes pas ‘
Des faux-depart qui entravent ma voie
Ô peur laisse-moi tendre la main vers toi
Ouvrir mes bras
Que mes rêves soient rois
[Refrain]
Cette flamme qui naît
Qui brûle, qui tait
S’éveille en moi
Pour faire sa loi
Mais dans mon corps
Ce faux raccord
C’est encore elle
Elle marche en moi et tisse mes maux
Elle écrit ma chute sur ma peau
Mes oreilles deviennent micro
Et sa voix devient écho
[Refrain]
Ma tête s’entête
A se dresser et s’élever
Mes yeux s’éprennent de cette tour
Qui se dévoile à contre jour
Un mur s’érige
Je crois la voir
Est-ce seulement elle dans ce miroir’
[Refrain]
L’infolettre CSF-Monde est mensuelle. Vous serez informés des différentes étapes du concours (conseils pour écrire, liens, infos, ateliers, lauréats, remise de prix,…) et des tournées des artistes ambassadeurs. L’occasion de rencontrer l’équipe de Chansons sans Frontières dans votre pays.