Le thème d’écriture de cette 17ème édition était : Passagers du temps en lien avec Dis-moi dix mots à tous les temps.
Vous avez relevé le défi d’écrire en français, pris votre envol sur le fil du temps, senti, joué avec le(s) temps ! Vous avez étiré le temps, voyagé, pris le temps de vivre, d’imaginer le futur, de regarder le passé…
Vous vous êtes surpassé cette année, de très beaux textes qui ont impressionné les jurys par leur qualités d’écriture ! Merci et bravo à toutes et tous.
Le tout pour les jurés, c’était d’être à la hauteur de la sélection. En tout cas on peut trouver rassurant que tant de belles choses arrivent du monde entier. Jean Fauque
La présidente du jury, Élisabeth Anaïs a eu les mots justes pour clôturer le jury : C’était vraiment une riche et jolie édition.
1er Prix Région Normandie
Jean Pierre Leonard Charles, 21 ans, Haïti
La voix fanée
2ème Prix
Fanomezantsoa RAKOTONDRABARY, 26 ans, Madagascar
Les passagers du temps
Mention Spéciale du Jury
Kpada Takoya, 31 ans, Togo
Un verre de thé au clair de lune
Mention Spéciale
Mama Berraho, 73 ans, Algérie
Le temps presse
Mention Poésie
Franck Belinga, 30 ans, Cameroun
Une graine
Mention Poésie
Rodica Calota, 58 ans, Roumanie
La Compostelle de nos âmes
Mention originalité
Yevhenii Melnyk, 51 ans, Ukraine
Dans un musée, en l’an 3000
Prix Français Langue Maternelle
Chloé Gallien, 66 ans, Royaume Uni
Dépêchons-nous
1er Prix Jeune Public Ville de Caen
Carl Bernadotte Colangelo, 13 ans, Suède, USA
Le chrono de la vie
2ème Prix Jeune Public
Juan Pablo Sebastian Nalvarte,18 ans, Pérou
Mars
Mention spéciale du jury Jeune Public
Nour Oumlil, 16 ans, Maroc
Ode et contes
Mention Poésie du jury Jeune public
Abdourassidy Gamsore, 20 ans, Burkina Faso
Moi qui suis le temps
Mon nom est Jean Pierre Léonard Charles, je suis né à Port-au-Prince. J’étudie les Lettres Modernes à l’École Normale Supérieure de l’Université d’État d’Haïti. Je suis passionné de littérature, mais surtout de poésie et de critique littéraire. Mes poètes préférés sont : Magloire Saint-Aude, René Philoctète, Villard Denis dit Davertige, Anthony Phelps, Roland Morissau, Serge Legagneur, Octavio Paz, René Bélance, Paul Éluard, Pablo Néruda, Jorge Luis Borges, Charles Beaudelaire, René Depestre, Rodney Saint-Éloi, Georges Castera et d’autres.
J’aime beaucoup plus lire qu’écrire. Mais s’il m’arrive de pondre quelques lignes, c’est pour soigner le réel des cruautés des hommes ou seulement pour penser la vie autrement. Ce que j’aime par-dessus tout, c’est apprécier les œuvres d’auteurs que j’ai lues pour inciter d’autres lecteurs à les découvrir.
1er Prix Région Normandie – Jean Pierre Léonard Charles
La voix fanée
Viendras-tu ce soir habiter mes promesses
Viendras-tu ce soir parcourir mes silences
Des heures que j’attends
Au carrefour des absents
Alors dis-moi, dis-moi
Si c’est bien ton rire sur l’asphalte
Si c’est ton sang, cette fleur tressée dans la poussière
Dis-moi Margha si l’oiseau te sort toujours du nez
Refrain
Port-au-Prince
Passager désabusé
Voyage en urgence
Je veux aimer
Vivre une dernière fois
La mission est ailleurs
Misère, la mort, l’émoi
Vivre pour aimer ailleurs (×2)
Sur des pans de soir coulant
À l’entrée de la ville en guerre
Des spectres dansent et sifflent
Dans ma ville-cimetière
Alors j’écris rêve
Entre parenthèses
Aube, espoir contre le sang
Nous voici
Parabole de nuits incertaines
Ou verbe à moitié éteint
Dernier message
Pour les morts-vivants d’ici
Port-au-Prince, somme des inquiétudes
Vivant le soir, assassiné le matin
Refrain
Tu avais ce cri de faïence brisé
Espacé dans la cendre
La ville pleure le jour et la nuit,
Poème des disparus
Je cherche ton image
Dans la marge du requiem
Margha, la ville a raison de toi
Bientôt ce sera moi
Famine ou balles perdues
C’est notre destin
Je m’appelle Fanomezantsoa RAKOTONDRABARY, j’ai 27 ans. Je suis apprenant en Master en Gestion au CNTEMAD.
Je travaille à l’ONG DEFI à Antsirabe Madagascar depuis 2021.
J’écris parce que cela me procure des émotions. Ecrire me reconnecte avec moi-même. Je suis surtout un grand amateur de musique. J’écoute des chansons tout le temps.
Je rêve depuis des années d’écrire mon premier texte de chanson. Ce concours a été le déclencheur.
J’écris depuis l’adolescence pour mon plaisir. Surtout des nouvelles que je partage avec les gens que j’aime. C’est ma première participation à un concours d’écriture.
CSF#17 – 2ème Prix
Fanomezantsoa RAKOTONDRABARY
LES PASSAGERS DU TEMPS
J’ai écouté l’orage
Comme pleure un ami
Allongé sur la plage,
Je n’ai pas beaucoup dormi.
J’ai regardé le large
Et mes pensées piétinent
Elles se prennent pour les vagues
Qui roulent à l’infini.
D’où venez-vous les vagues ?
Depuis quand roulez-vous ?
De Sydney ou de Morondava ?
Vous avez le temps avec vous.
Vous avez le temps avec vous.
Depuis longtemps je rêve,
Que cahote la pluie
Sur mes épaules en toile
Sur ma peau qui vieillit.
A l’ombre des étoiles
Couvert d’un parapluie
Je me demanderai
Où me mènera ma vie.
D’où venez-vous les vagues ?
Depuis quand roulez-vous ?
De Marseille ou de Janeiro ?
Vous avez le temps avec vous.
Vous avez le temps avec vous.
Est-ce le temps qui passe ?
Est-ce nous qui passons ?
La tête dans le guidon
De nos occupations.
Combien de temps hélas
Aurons-nous partagé
Avec ceux qui sur place
Auront vraiment compté ?
D’où venez-vous les vagues ?
Depuis quand roulez-vous ?
De Porto ou de Barcelone ?
Vous avez le temps avec vous.
Vous avez le temps avec vous.
Quand reverrai-je ceux
Qui ont sauté du train
Et ceux dont le destin
A écourté les vœux ?
Et quand retrouverai-je
Et mon père et ma mère
La main de ma grand-mère
Partis depuis longtemps.
D’où venez-vous les vagues ?
Depuis quand roulez-vous ?
Des Antilles ou de Malibu ?
Vous avez le temps avec vous.
Vous avez le temps avec vous.
Et quand viendra l’instant,
De quitter cette Terre,
Le tout dernier moment,
Que je serai Grand Père,
J’allongerai mon dos
Sur la voûte des vagues
Puis plongerai dans l’eau
Pour filer vers le large.
D’où venez-vous les vagues ?
Depuis quand roulez-vous ?
De Sydney ou de Morondava ?
Vous avez le temps avec vous.
« Bonjour je m’appelle Carl Bernadotte-Colangelo.
J’ai 13 ans et je suis en classe 4ème (8 th grade). J’ai 3 petits frères et sœurs, des triplés qui ont 11 ans. Ma mère est finlandaise et suédoise et mon père est italien. Mes parents ne parlent anglais qu’entre eux. Nous vivons aux Etats-Unis depuis notre naissance, à New York, dans le Westchester, plus précisément à Mamaroneck. Nous sommes scolarisés depuis la maternelle dans une école franco-américaine internationale, la Fasny. C’est dans cette école que j’ai appris à parler le français. Mes parents ne parlent pas du tout français. Je parle français seulement avec mes frères et sœurs et à l’école.
J’adore apprendre des mots nouveaux et m’amuser avec le français. Cette année, ma professeure de français a organisé des ateliers d’écriture pour participer à « Chansons sans Frontières ». Nous étions une dizaine à y participer pendant l’heure du déjeuner, deux fois par semaine, en Novembre et décembre. Nous avions un répertoire de mots ou nous notions les 10 mots et leurs synonymes et tous les autres mots que nous découvrions. Nous avons aussi travaillé sur les sons des mots.
J’ai beaucoup aimé cet atelier car nous avons travaillé longtemps sur notre texte. On le lisait aussi souvent à haute voix pour voir s’il était beau et si le rythme fonctionnait.
Je joue à l’école des percussions et un peu du Ukulélé en cours de musique. (L’école vient d’acheter plus de 40 ukulélés et on s’amuse beaucoup avec!)
Sinon, ce que j’adore faire en dehors de l’école, c’est du rugby. Cela n’a rien à voir avec les mots et la musique mais cela me défoule!
J’ai été très ému quand j’ai reçu le message de « Chansons sans Frontières ». Je suis tout de suite allée voir la directrice de l’école et nous avons appelé ma professeure de français.
Que d’émotions ce jour-là! Un jour merveilleux!
Le chrono de la vie
Mon corps a son algorithme
Qui le fait aller à son rythme
On n’est pas des photons
Doucement avançons
Stop aux années -lumière
Qui font tout de travers.
Au rythme de nos voix
J’avance pas-à-pas
Tel un fidèle métronome
Mon cœur reste synchrone
Branché à l’Humanité
Pour défendre ses libertés
Tic-Tac, Il est parti, le chrono de la vie
Mais le chrono de mon cœur va tac-tic
Libéré du temps, je déploie des tactiques
Pour m’exprimer du tac au tac
Je me ferai astronome
Le temps, je m’en tamponne
J’ai toute la vie
Pour découvrir notre galaxie
Il n’y a pas de prisonnier
Que des passagers
Dans la voie lactée
Chacun est libre de s’exprimer
Je ne suis pas pressé
Dare-dare, direction les étoiles
La liberté comme un festival
Comme un plaidoyer de la pensée
Tic-Tac, Il est parti, le chrono de la vie
Mais le chrono de mon cœur va tac-tic
Libéré du temps, je déploie des tactiques
Pour m’exprimer du tac au tac
Plus question de lambiner
De rester dans le canapé
A attendre de pouvoir s’exprimer
Défendre nos maux par les mots
Loin des procès-verbaux
J’veux des lois pas commerciales
Et encore moins quinquennales
Juste pouvoir être entendu
Juste pouvoir être défendu
Juste pouvoir être inclus
Je fais une chanson une prière
Celle d’un monde sans frontières
Bonjour à tous ! Je m’appelle Juan Pablo et je suis péruvien. C’est véritablement un
grand honneur de recevoir cette récompense, surtout parce que la région de
Normandie a connu tellement d’auteurs que j’admire beaucoup, comme Guy de
Maupassant, Michel Bussi et Maurice Leblanc.
J’écris parce que ça me permet de prendre le temps de formuler ce que je ressens,
ce que je veux dire, car cela n’est pas si facile à exprimer dans une conversation
ordinaire. Même si je suis loin d’être un écrivain professionnel, l’opportunité de
participer à ce concours m’encourage à aller encore plus loin et à continuer ce beau
loisir.
De la même façon, je peux dire que la musique fait partie essentielle de ma vie. Je
trouve que c’est incroyable quand on tombe sur une chanson dont les paroles
réussissent à exprimer quelque chose qu’on voulait dire, mais pour lequel on ne
trouvait pas les mots. Personnellement, j’adore les chansons qui évoquent des
sentiments tels que l’espoir et la nostalgie, et c’est ce que j’ai cherché à transmettre
dans mon poème.
Finalement, ce qui me plaît dans l’écriture et dans la musique, c’est le fait que tout
ce qui nous entoure, peut être une source d’inspiration, soit un coucher de soleil,
quelqu’un qu’on aime ou tout simplement une anecdote amusante. Et comme tout
peut servir d’inspiration, je crois qu’on peut tous être des artistes.
Mars
Couplet 1
J’ai enfin réalisé,
Quand j’étais toujours « ton gars »,
Que toi et moi,
On n’irait jamais sur Mars.
J’ai noté pour la première fois,
Quand je n’avais que 10 ans,
Que ce n’était plus la neige,
Qui rendait tes cheveux blancs.
Je me suis rendu compte,
Encore dans mon jeune âge,
Que ce n’était plus ton sourire,
La cause des rides sur ton visage.
Refrain
Je veux encore que tu me chantes,
Ma petite étoile filante,
Quand je n’arrive pas à m’endormir.
Éclaire mon chemin juste avant de t’enfuir.
Comme les châteaux de sable devant la mer,
Rappelle-moi que tout est éphémère.
Couplet 2
Tu ne comprenais plus,
Même si tu me croyais innocent,
Mon désintérêt et mon humeur noire.
J’étais devenu un adolescent.
Je m’éclipsais de ton regard,
Malgré tous tes efforts,
Comme le soleil se cache derrière un nuage,
Quand il ne fait pas beau dehors.
Mais je sentais la chaleur de ta présence,
Même pendant mon hivernage,
Comme si c’était le feu de camp,
Dans un rite de passage.
Refrain
Couplet 3
C’est en sentant les saisons,
C’est en voyant le ciel,
Que je comprends finalement
Que tes leçons restent intemporelles,
Que seul le temps
Peut guérir certaines blessures,
En dépit des contretemps
Qui rendent nos nuits plus obscures.
C’est en te regardant dans les yeux
Où se forment des galaxies,
Que je comprends qu’il y a des instants
Qui semblent durer toute une vie.
Refrain
Française d’origine, je suis exilée depuis des décennies, d’abord dans les brumes écossaises, puis maintenant dans la douceur climatique du Sud de l’Angleterre, près de la Manche.
Mais c’est dans ma langue maternelle que j’écris, privilégiant des poèmes qui riment – comme ceux appris dans mon enfance – et dans lesquels j’aime mêler humour et tendresse ainsi que différents types de registres et de vocabulaire.
Certains de ces poèmes s’adressent plus particulièrement aux enfants, et prenant souvent la forme de petites fables, sont autant d’hommages à celles de La Fontaine qui étaient très appréciées dans ma famille et récitées à toutes occasion.
D’autres ressemblent plus à des chansons, avec couplets et refrains, mais là encore, s’inspirent des comptines et chansons de mon enfance française, précieux héritage que j’ai pris soin de léguer moi-même à mes enfants grandissant loin de la France.
J’écris aussi de petits poèmes ‘anti-chagrins’ que j’ai voulus résolument positifs et qui sont une réponse légère aux coups durs de la vie et mettent en lumière tous les petits bonheurs simples que le quotidien nous offre aussi (peut-être en compensation ?) et qui mettent du baume à nos cœurs malmenés.
J’aime la langue française, et j’aime jouer avec elle. J’aime aussi beaucoup la chanson francophone dans toutes ses formes. Grande lectrice, je suis aussi une grande collectionneuse d’expressions imagées dont je me régale et qui me servent très souvent de points de départ pour mes propres écrits.
Dépêchons-nous
C’était au milieu de la nuit
Ou bien peut-être à l’avant-jour,
Que j’ai entendu de grands cris
Rythmés par le son de tambours.
Un lapin blanc est apparu,
Tenant une montre à gousset,
Et puis criant, qui l’aurait cru,
Avec une voix de fausset :
« Dépêchons-nous ! »
Puis le lapin a ajouté :
Il faut vraiment aller dare-dare,
Tic-tac, tic-tac, on est pressés,
Sinon on va être en retard !!
On a terminé L’hivernage,
Arrêtez-donc de lambiner.
Il faut montrer notre courage :
Quand faut y aller, il faut y aller !
« Dépêchons-nous ! »
Quand j’ai voulu savoir aussi
À qui donc il pouvait parler,
J’ai soudain vu derrière lui
Arriver tout un défilé.
Dedans il y avait un loup
Qui semblait danser la rumba
Avec trois petits cochons fous
Tout à fait synchrones, à son bras
« Dépêchons-nous ! »
Derrière venait une fillette,
Habillée d’une cape rouge,
Soufflant si fort dans sa trompette
Qu’elle effrayait tout ce qui bouge’
Et sept nains qui, de leurs tambours,
Auraient pu réveiller les morts,
Et puis après les rendre sourds,
Tant ils tapaient dessus très fort !
« Dépêchons-nous ! »
Si vous avez une impression
De déjà-vu, c’est bien normal
Mais pourtant cette procession
Était bien loin d’être banale.
Elle était même très bizarre
Car au lieu d’un endroit précis
Elle ne courrait nulle part
Tournant juste autour de mon lit !
« Dépêchons-nous ! »
Quand après des années-lumière
Je sors de mon profond sommeil
J’entends alors crier ma mère,
Couvrant le tic-tac du réveil :
Il faut vraiment aller dare-dare,
Tic-tac, tic-tac, on est pressés,
Sinon on va être en retard
Quand faut y aller, il faut y aller !
« Dépêchons-nous ! »
Tout d’abord merci à Chansons Sans Frontières pour ce merveilleux concours, toujours aussi inspirant !
Moi, c’est Kpada Takoya. Je viens du Togo, en Afrique de l’Ouest. Passionné d’écriture et de poésie, je suis tout aussi amoureux de la musique. Aussi ai-je toujours aimé écrire des paroles de chanson en Français, langue que j’affectionne tout particulièrement. Lauréat de la 16e édition de Chansons Sans Frontières, j’ai eu encore envie de faire chanter ma plume par rapport au thème de cette année.
« Un verre de thé au clair de lune », c’est d’abord un texte que j’ai écrit à partir d’un souvenir qui a resurgi dans ma mémoire un peu par hasard : le souvenir d’une belle soirée passée il y a plusieurs années de cela avec des amis dans le jardin d’une cité universitaire ; le genre de soirée qui vous fait perdre la notion du temps…Bref, je suis parti de ce souvenir-là pour écrire cette chanson dont le message est une invitation à se laisser parfois juste entraîner par le temps. Parce que nous, humains, nous évertuons tellement à maîtriser le temps, par souci du bonheur, du succès, de l’argent etc. Bien sûr, c’est nécessaire. Mais en fin de compte c’est le temps qui maîtrise l’Homme d’un bout à l’autre de sa traversée terrestre et qui le laisse impuissant à l’arrivée. Et comme j’aime beaucoup la nature, je n’ai pas hésité à mettre en parallèle le temps qui passe si vite sous nos yeux et la lune qui semble filer derrière les nuages…
C’est donc une chanson simple et légère qui invite à un moment d’évasion, le temps de se détacher des contraintes existentielles et d’oublier l’angoisse du temps qui nous rapproche sans cesse de notre destination finale.
Un verre de thé au clair de lune
Ce soir il fera chaud sur terre
Un peu comme l’année dernière.
A l’heure H, nous entendrons encore
L’alarme d’un nouveau record
Sortie de nulle part pour nous rappeler
Qu’un bout de nos vies s’en est encore allé.
Et si ton doux visage rêveur
S’assombrit sous l’ombre de la peur,
Ouvre ta fenêtre et envole-toi
Comme un moine ivre de foi.
Moi je t’attendrai juste en bas
Prêt à te prendre dans mes bras.
Refrain :
Je serai là, sans horloge ni téléphone.
Seulement un bon vieux saxophone,
Quelques pages remplies de poèmes,
Et du thé à la menthe, comme tu l’aimes.
Et si tu me demandes, entre deux soupirs,
Pourquoi nous devons tous un jour vieillir,
Pourquoi la petite aiguille ne s’arrête jamais,
Je te prendrai simplement la main et je te dirai :
Avant de devenir posthumes
Allons-nous promener au clair de lune
Légers comme ces blancs nuages
Qui font des cœurs et des visages.
Comme ces messagers éphémères,
Allons là-haut prendre un peu d’air ?
Refrain :
Je serai là, sans horloge ni téléphone
Seulement un bon vieux saxophone,
Quelques pages remplies de poèmes,
Et du thé à la menthe, comme tu l’aimes.
Au cœur de notre virée nocturne,
Je t’expliquerai et tu verras, que la lune
Ne va pas plus loin que la petite aiguille ;
Elle a seulement ouvert sa pupille
Pour s’amuser de nous voir passer
Comme ces nuages sans futur ni passé.
Et si malgré tout, l’ombre de la tristesse
Cherche à me voler ton regard de tendresse,
Nous reviendrons vers notre petit jardin,
Ta main toujours enlacée à ma main.
Refrain :
Je serai là, sans horloge ni téléphone
Seulement un bon vieux saxophone
Quelques pages remplies de poèmes
Et du thé à la menthe, comme tu l’aimes…
Le temps presse
Le temps presse
tous ces ans
ces moments
ces instants
que j’attends
l’arrivée du taxi
pour enfin lui dire oui .
Le temps, le temps presse, le temps presse
Le temps presse
je rejoins ma princesse
rue des fous
rue des loups
rue de la sagesse
dépêchez-vous taxi
on va à la mairie
Le temps, le temps presse, le temps presse
Le temps presse
chauffeur un peu de vitesse
elle m’attend
je l’entends
la cité est en liesse
le temps presse
dépêchez-vous taxi
on se marie
Le temps, le temps presse, le temps presse
Le temps presse
un barrage, des CRS
arrêtez, vos papiers
excès de vitesse
dépêchez-vous taxi
il est midi
Le temps presse, le temps presse, le temps presse
Le temps presse
le bonheur me caresse
les cadeaux,
les anneaux
et toute ma richesse
le temps presse
dépêchez- vous taxi
on meurt d’envie
Le temps presse, le temps presse, le temps presse
Le temps presse
le bouchon, la détresse
on s’arrête,
pas de fête
prenez en sens inverse
rentrez chez vous taxi
il est minuit
Le temps cesse, le temps cesse, le temps cesse.
Franck Belinga Akoa, c’est mon nom. Je suis originaire du Cameroun, né le 1er juillet 92 à Yaoundé.
L’écriture pour moi est une confession, un exutoire où je me libère, exprime mon existence, ma force et mon espérance face au monde que j’observe.
Je suis très heureux d’avoir participé à cette 17e édition de chansons sans Frontière.
Il s’agit d’ailleurs de ma deuxième participation et je vous laisse imaginez la joie qui a été la mienne à l’annonce des résultats.
Cette récompense me remplit le cœur de joie et de reconnaissance.
Merci pour ce cadeau qui m’encourage à écrire d’avantage, à aller plus loin.
Une graine
Rien qu’une goutte d’eau sur mon visage
et je change de paysage !
Hier encore je n’étais qu’un grain de poussière
plongé dans les entrailles de la terre
Hier encore je n’étais qu’une malheureuse pierre
sortie du sol, sans éclat et pleine de terre.
Rien qu’une goutte d’eau sur mon visage
et je change de paysage !
Passé au creuset de la main des opportunistes,
à leur épuration, mon éclat s’est rendu juste
Passé au creuset du vent, des pluies et tempêtes
je suis devenu bien robuste.
Rien qu’une goutte d’eau sur mon visage
et je change de paysage !
Aujourd’hui je parais beau, étincelant,
et bien digne de me définir comme un diamant.
Aujourd’hui ma valeur est immense,
je suis le centre des désirs les plus communs,
des plus nobles aux plus intenses.
Rien qu’une goutte d’eau sur mon visage
et je change de paysage !
Je suis heureuse, mais je ne m’accroche pas
à ce bonheur comme un vœu
Car encore un peu de temps
et il n’y aura plus le temps
Encore un peu de temps
et je retournerai dans le vent.
Mais bien avant je sèmerai et germerai
autant de joie et de bonheur
dans vos vies en chantant.
Je suis professeur de français au Collège National « Tudor Vladimirescu » de Târgu Jiu, Roumanie et toute ma vie j’ai cherché l’essence des choses, comme le grand sculpteur Constantin Brâncuşi, dont les œuvres s’y trouvent, en étant convaincue que le miracle se trouve sous nos yeux, il suffit de racler un peu la surface, effleurer l’épiderme des choses. C’est ainsi que j’ai travaillé pendant des années, sans contraindre les apprenants, car l’un de mes auteurs préférés, Rabelais, disait: «La sagesse ne peut pas entrer dans un esprit méchant, et science sans conscience n’est que ruine de l’âme. » -pensée considérée comme « l’amorce de la bioéthique », une sorte de réconciliation entre les « capacités scientifiques » et l’ «acceptabilité morale».
J’ai remporté plusieurs prix internationaux, chaque année, depuis 2006, avec des élèves que j’ai guidé aux concours de poésie, surtout « haïku », ils ont exposé leurs créations aux Galléries Pipa, de Paris. Moi, aussi, j’ai gagné le Premier prix au Concours Jocelyne Villeneuve, organisé en 2018, au Canada. Le plus récent est Le Premier Prix pour la fable scientifique, en 2020-2021, de la part de l’Association CST- France et de la FIPF.
J’écris des scénarios, parmi lesquels « Le Petit Chaperon Consumériste et Le Loup Nutritionniste », parodie du conte classique, des contes pour les enfants de tous les âges, comme « Castoriada »(les e-books se trouvent dans la librairie des écrivains online, dans tous les langues qu’on apprend à l’école : roumain, français, anglais, italien, allemand, sur https://www.librariascriitorilor.ro/books/details/593/scufita-consumerista-si-lupul-nutritionist-parodie/3 .
J’ai aussi publié une centaine de sonnets(j’adore le style de Baudelaire), des épigrammes et de la prose absurde(genre Boris Vian) ou comique(j’aime le style de Voltaire).
J’aime toute musique bien faite, mais celle classique est ma préférée, car elle exprime mieux mes efforts d’ascension morale et intellectuelle. C’est pourquoi toute démarche lyrique est jalonnée, souvent, de riches allitérations qui relèvent d’une mécanique quantique des mots qui permet l’accès aux merveilles, par le biais même de l’ apophatique.
La Compostelle de nos âmes
Laisse ton cœur voyager, disait jadis grand-mère,
Laisse tes rêves s’élever comme des cerfs-volants,
Mais son âme prit son vol au-dessus de ces terres
Juste le jour où la fougue était fixée dedans.
Refrain :
Du lever au coucher, laisse tes sens tituber,
Sur les frais sentiers, l’horizon sent le miel,
Tandis que l’âme, transie de rosée, bouche-bée
Suit le cerf-volant, grignotant le ciel.
Amère béatitude, sur mon front, sème tes perles !
Mille générations de pèlerins y basculent,
La main sèche de grand-mère, comme la patte d’un merle
Gratte le soleil, tiède encore, au crépuscule.
Milliers de Moïses boivent le baume d’étincelles
Que débouchent leurs bâtons, quand ils frappent les pierres,
Accouchant d’une tempête qui éclaire leur prunelle,
Le soir, quand ils digèrent le vin de leur prière.
Rivière de poitrines, soupirèrent les colombes :
-Réveille-toi, petit pèlerin, récupère ton élan,
Ton jouet préféré est flétri par une bombe,
Réveille-toi et regagne l’âme de ton cerf-volant !
Et je saute de mon rêve, comme une graine de sa cosse,
Je gambade par les âges, plutôt une sauterelle ;
C’est la plus dure épreuve de ma vie, que je bosse
Pour siroter la douce lumière de Compostelle.
Je ne peux m’empêcher de continuer à participer aux concours Chansons sans Frontières pour quelques raisons…
Primo : quand je suis apparu sur scène pour recevoir mon prix, en 2018, j’étais si stressé que j’ai oublié de dire bonjour au public qui m’a fait un accueil si chaleureux ! Depuis cette année-là, je soumets mes textes à chaque édition afin de me faire pardonner cet oubli…
Secundo : ça me fait tellement plaisir de pouvoir revisiter, mentalement, un beau coin de France qu’est la Normandie qui m’a absolument fasciné…
Tertio : le thème de la 17ème édition m’a paru bien plus qu’inspirant : non seulement parce qu’il m’a immergé dans mes souvenirs (ceux de l’année merveilleuse où j’avais commencé à étudier le français, à l’âge de 17 ans, par exemple), mais également parce qu’il m’a permis de formuler mon plus grand vœu : celui du monde sans guerres où l’on ne pourra voir les témoignages du passé terrifiant que dans un musée…
Merci beaucoup à Chansons sans frontières d’avoir organisé ce voyage extraordinaire dans le temps, merci beaucoup au jury d’avoir apprécié mon poème !
Dans un musée, en l’an 3000
Refrain :
Vitrines spacieuses, époques figées,
Visages émus et affligés…
Dans ce musée, en l’an 3000,
On est bouche bée et immobiles
Face aux objets qui épouvantent,
Au lieu des œuvres captivantes.
Couplet 1 :
On a déjà tout oublié :
Ces piques, ces glaives, ces boucliers,
L’humiliation et la violence,
La barbarie, l’intolérance,
Toutes les horreurs des dictatures,
Les abattoirs et les tortures,
Tous ces milliards d’obus, de bombes
Et Marioupol avec ses tombes…
Ici, dans ce musée, on voit
Notre vécu. Personne n’y croit :
« A-t-on été aussi cruels ?
Est-ce que cela est bien réel ? »
Refrain
Couplet 2 :
Ici, on voit ce qu’est la haine :
Hiroshima, Bergen-Belsen,
Les actes honteux de l’exclusion,
Les affres de l’Inquisition
Et d’autres crimes que nos aïeux
Ont perpétrés au nom d’un dieu.
Voici le joug et l’esclavage :
Deux monstres qui, du fond des cages,
Nous examinent de leurs yeux morts.
Infâmes, ils nous rappellent encore
Que les aliens n’y sont pour rien,
Que leurs auteurs s’appellent « Terriens ».
Refrain
Couplet 3 :
On n’en peut plus, on quitte ces salles
Dont les expos sont infernales,
Et on se dit, choqués, stressés :
« Ça, c’est fini… C’est du passé.
C’est mieux maintenant, non pas avant,
On s’améliore… et reste vivants ! »
On est veinards : en l’an 3000,
On vit sans peur, on dort tranquilles,
Il y a toute une éternité
Que toutes les armes ensanglantées,
Couteaux de chasse et haches de guerre,
Sont au musée ou mises en terre.
Refrain
Je m’appelle Nour Oumlil, mon prénom est arabe mais mon nom est amazigh. Rien que ceci reflète la pluralité des cultures au Maroc, et mes écrits sont bien définitivement affectés par cette intersection entre mon héritage amazigh, arabe, musulman, juif et sub-saharien. Mais c’est surtout ce sentiment d’exclusion de mon propre patrimoine qui a façonné ce poème. Bien que je vive au Maroc, avec la mondialisation et le train de vie effréné, il est facile d’oublier de célébrer sa culture ou de se remémorer le passé. Dans mon poème, la petite fille c’est moi et les contes sont les fables marocaines populaires. Ces dernières ont pendant longtemps été mon seul lien avec mes ancêtres et sans elles peut-être que je ne me serais jamais penchée sur l’histoire de mon pays. Mais maintenant, j’ai su trouver plus de ressources pour me renseigner sur un passé que j’aurais aimé expérimenté. Et puis, avec mes écrits je vise à atteindre un publique qui m’est similaire pour leur rappeler l’importance de leur héritage et les atrocités de la colonisation. Cette mention spéciale est un pas, minime peut-être, mais essentiel car mon texte sera capable d’atteindre une audience plus large. J’en suis très reconnaissante. Merci beaucoup de m’avoir offert cette chance et cette plate-forme pour m’exprimer.
J’aimerais bien que vous affichiez la photo ci-jointe. La côte est magnifique à Agadir en été, l’inspiration m’y vient facilement alors j’aimerais rendre hommage à cet endroit.
Ode et contes
INTRO :
C’étaient que des contes
Encre sur papier
Mais sans qu’elle ne le sente
Dans sa petite caboche, ils s’étaient engravés
COUPLET 1 :
Elle n’avait que neuf ans, ses ancêtres des millions
Et pour pas les oublier, eux peuples natifs de sa nation
Pour se les remémorer eux, leurs sacrifices, leurs victoires et leurs défaites
Elle sculptait leurs silhouettes
Chaque soir derrière ses paupières
Prenait place un théâtre éphémère
Parenthèse hors du temps
Ou plutôt voyage vers une époque d’antan
Une ouverture sur une culture qui aurait dû être la sienne
Introduction à une langue maintenant ancienne
Rencontre finale avec son peuple avant que l’envahisseur ne vienne
REFRAIN :
Cette gamine consacre cette ode
À tous ceux qui s’accommodent
D’une culture pas forcément la leur
Juste parce qu’un blanc a décidé de faire de leur terre son secteur
COUPLET 2 :
Ces contes, c’étaient son ancre en mer
Sans eux, absence d’identité
Obligée de voguer seule, sans repères
Sa nage maladroite était une brasse mal rythmée
Ils lui donnaient un sens de déjà-vu
Déjà-vu d’une vie qu’elle n’as jamais vécu
D’ancêtres qu’elle n’a jamais revus
D’une culture dont elle se sentait exclus
Plongée dans un océan d’ères révolues
Ces contes, avec elle, déchus
Sont son dernier salut
REFRAIN :
Cette gamine consacre cette ode
A tous ceux qui s’accommodent
D’une culture pas forcément la leur
Juste parce qu’un blanc a décidé de faire de leur terre son secteur
J’ai nommé mon texte « Moi qui suis le temps » parce que le temps reste cette éternité que l’on pourchasse jusqu’au fond de la tombe.
Je suis GAMSORE Abdourassidy, 20 ans, étudiant en deuxième année de Gestion des Ressources Humaines à l’université de Ouahigouya au Burkina Faso.
J’ai découvert l’écriture par la lecture. Elle m’a ouvert les portes d’un autre monde où je plonge en un instant pour exprimer mes sentiments les plus secrets. L’écriture pour moi à été une porte de sortie parce que j’étouffais de l’intérieur. Je suis une personne solitaire, grâce à la plume j’arrive à ne pas sombrer dans une dépression perpétuelle et à m’ouvrir un peu plus au monde. De l’écriture à la musique je n’ai fais qu’un pas. Il faut dire que j’écoutais la musique bien avant l’écriture, avec des chanteurs comme Garou, Jacques Brel, Kery James, Corneille, Damso. Dans mes moments sombres ces maîtres des mots en mélodie me tiennent compagnie.
Aujourd’hui, je ne sais plus où j’en suis exactement. J’ai souvent l’impression qu’écrire ne me libère plus de mes sentiments obscurs. C’est pourquoi j’aimerais essayer le théâtre et la danse. Parce que j’aime tout ce qui à trait à l’art.
Je terminerai par remercier Chansons Sans Frontières pour l’occasion qu’elle m’a offerte de me faire lire par d’autres personnes. Je suis très content d’avoir participer à cette aventure littéraire et j’espère y être la prochaine fois !
Moi qui suis le temps
Parce que le temps ce sont ces instants de nos vies,
Je marche somnambule, m’accrochant à la vie
Y laissant mon vécu, mes journées, ces libellés
De ces fragments de mon être rongé !
Je l’écoute qui parle, qui parle, qui parle avec ferveur !
Dans la fraîcheur du soir, il parle avec douceur,
Me voilà qui le suis, l’envie, le glorifie ;
Écoutons, oui écoutons-le me chanter ses mélodies :
Mon enfant,
Apprend à aimer, à donner, à chanter,
A vivre, à profiter, à rire, à sautiller,
Avant que le vent n’enterre,
Sous son poids, tes beaux jours.
Mon enfant,
Apprend que la vie n’est que l’instant présent,
S’accrocher à l’instant d’après ou d’avant c’est suivre le vent
Suivre les illusions de tes choix, de tes désirs
C’est naviguer sur une mer plonger dans un profond brouillard.
Je l’écoute qui parle, qui parle, qui parle avec ferveur !
Dans la fraîcheur du soir, il parle avec douceur
Me voilà qui le suis, l’envie, le glorifie ;
Écoutons, oui écoutons-le me chanter ses mélodies :
Il me fait poète, enthousiasmé,
Submergé, Euphorique, plein d’envie de briller
De clamer, de chanter, de repousser
Les ténèbres, les noirceurs de mon âme, d’être heureux.
Je l’écoute qui parle, qui parle, qui parle avec ferveur !
Dans la fraîcheur du soir, il parle avec douceur ;
Me voilà qui le suis, l’envie, le glorifie ;
Écoutons, oui écoutons-le me chanter ses mélodies :
Car le temps me porte sur ses ailes,
Et je le suis avec zèle,
Car bientôt il m’accrochera, m’oubliera,
Et pour moi, tout s’arrêtera !
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